Grippe aviaire : comment éviter qu’elle ne devienne la prochaine pandémie ?

Le risque de voir la grippe aviaire déclencher une nouvelle pandémie est bien réel. Pour l’exemple du Covid-19, l’animal intermédiaire entre la chauve-souris et l’Homme n’a toujours pas été formellement identifié. Les chercheurs s’inquiètent donc de la possibilité qu’un autre virus zoonotique, tel que l’influenza aviaire, prenne cette voie.

Vaccination des canards en France : un succès prometteur

La première ligne de défense contre la grippe aviaire reste la vaccination. En France, depuis un an, tous les canards d’élevage sont systématiquement vaccinés. Dans une exploitation du Gers, par exemple, un vétérinaire effectue des prélèvements sanguins et des écouvillons chaque mois pour vérifier l’absence de virus dans les lots de canards. Selon le Pr Jean-Luc Guérin, spécialiste de la grippe aviaire à l’École nationale vétérinaire de Toulouse, « il n’y a eu que très peu de foyers depuis l’instauration de la vaccination, ce qui a permis de réduire de manière significative les abattages et les problèmes liés à la grippe aviaire. »

La France est ainsi le premier pays à avoir rendu la vaccination des canards obligatoire, une décision scrutée par de nombreux autres pays. La seconde campagne de vaccination a récemment commencé, et les résultats sont prometteurs. Le Pr Guérin souligne que « sans la vaccination, nous aurions probablement enregistré plusieurs centaines de foyers. »

Réduction de la transmission entre espèces

Depuis l’introduction du vaccin, seuls 11 foyers ont été observés en un an, principalement dans des élevages de dindes et de poules, des espèces qui ne sont pas encore vaccinées. Un seul foyer a concerné des canards vaccinés. Cette réussite montre que la vaccination a considérablement réduit la circulation du virus de la grippe aviaire, limitant ainsi les risques de transmission entre espèces, en particulier des oiseaux sauvages vers les élevages.

Etude sur le rôle des chats dans la transmission

Bien que la vaccination ait permis de limiter la propagation dans les élevages, le virus continue de circuler chez d’autres animaux. Aux États-Unis, des cas d’infection chez les bovins ont été répertoriés cet été. D’autres espèces, comme les porcs, les chevaux et même les humains, peuvent également être infectées par l’influenza H5N1, bien que ce dernier ne se transmette pas encore d’humain à humain.

Pour mieux comprendre la transmission entre espèces, des chercheurs de l’École vétérinaire de Toulouse ont lancé une étude pour vérifier si les chats domestiques peuvent jouer un rôle dans la propagation du virus. En effet, les chats, qui attrapent parfois des oiseaux sauvages, pourraient être exposés. Jusqu’à présent, seuls quelques cas de chats infectés par la grippe aviaire ont été recensés dans le monde, mais les chercheurs veulent en avoir le cœur net. Une étude sur des milliers de chats est en cours pour confirmer s’ils peuvent transmettre le virus à l’Homme.

Vers une nouvelle pandémie ?

L’enjeu principal est de prévenir la transmission du virus entre trop d’espèces, car chaque mutation accroît le risque qu’il devienne transmissible d’Homme à Homme. Pierre Bessière, chercheur à l’École vétérinaire de Toulouse, explique que « le fait qu’un virus passe d’un oiseau à un mammifère est une étape cruciale qui peut, à terme, entraîner une nouvelle pandémie. »

Cette vigilance accrue reflète l’approche « One Health » (santé unique), qui reconnaît l’interdépendance entre la santé humaine et la santé animale. La coopération entre scientifiques, vétérinaires et experts en santé publique est essentielle pour comprendre et contrôler la transmission des virus zoonotiques avant qu’ils ne deviennent des menaces pour la santé mondiale.

Source: france info