Sanofi : le Doliprane pourrait passer sous contrôle américain avec une transaction de plus de 15 milliards d’euros

laboratoire français Sanofi est en phase avancée de négociations avec le fonds d’investissement américain Clayton, Dubilier & Rice (CD & R) pour la vente d’une participation majoritaire dans sa division de santé grand public, Opella. Cette branche, qui produit notamment le Doliprane, un médicament phare en France, pourrait bientôt être sous pavillon américain. Le fonds CD & R prendrait 50 % de contrôle dans cette activité, tandis que Sanofi conserverait une participation minoritaire.

Un choix stratégique pour Sanofi

Sanofi a décidé de se tourner vers CD & R, écartant ainsi l’offre concurrente proposée par PAI Partners, un fonds français, soutenu par des partenaires des Émirats arabes unis et de Singapour. Cette décision marque une étape importante dans la stratégie de recentrage du laboratoire sur ses activités clés, notamment les traitements innovants et les vaccins dans des domaines comme l’immunologie.

Opella représente une partie significative des activités de Sanofi dans les médicaments vendus sans ordonnance, incluant le célèbre paracétamol sous forme de Doliprane, ainsi que d’autres marques connues telles que Novanuit (compléments alimentaires pour le sommeil), Allegra (antihistaminique), Icy Hot (anti-douleur) et Dulcolax (laxatif).

Doliprane : un produit phare du quotidien des Français

Le Doliprane est sans doute l’un des médicaments les plus consommés en France. Chaque jour, environ 1,2 million de boîtes de ce médicament sont vendues, témoignant de son ancrage dans la vie quotidienne des Français. Sa popularité est telle qu’il fait partie des produits incontournables de la pharmacie, utilisé pour soulager fièvres et douleurs courantes.

La vente d’Opella à CD & R permettrait à Sanofi de dégager plus de 15 milliards d’euros, une somme colossale qui servirait à financer ses projets de recherche et développement dans les domaines de l’immunologie et des vaccins. L’entreprise prévoit déjà d’investir 700 millions d’euros en 2024 pour renforcer sa recherche interne.

Une transaction stratégique pour CD & R

Pour CD & R, cette acquisition constitue une opportunité d’entrer dans le secteur des produits de santé grand public en Europe. Bien que Sanofi conserve une participation minoritaire dans Opella, CD & R bénéficierait d’une entrée sur un marché stable et lucratif, dominé par des produits déjà bien implantés dans les habitudes des consommateurs européens.

Un repositionnement pour l’avenir

Sanofi a annoncé fin 2023 son intention de se désengager partiellement d’Opella afin de se concentrer sur des segments plus porteurs d’avenir. En particulier, le laboratoire souhaite allouer des ressources accrues au développement de traitements et vaccins innovants. Ce repositionnement intervient dans un contexte où les grandes entreprises pharmaceutiques redéfinissent leurs priorités pour se concentrer sur les technologies médicales de pointe, comme la thérapie génique et les traitements personnalisés.

Paul Hudson, directeur général de Sanofi, a souligné dans un communiqué que l’accord, s’il venait à aboutir, inclurait une consultation des représentants du personnel, marquant une étape cruciale avant la conclusion de la transaction. Aucune date n’a été fixée pour l’officialisation de cette vente, mais les observateurs estiment que l’opération pourrait être finalisée rapidement.

Réaction des autorités

Du côté des autorités françaises, la vente de Doliprane à un fonds étranger a suscité des réactions prudentes mais rassurantes. Selon des sources proches du ministère de l’Économie, CD & R est considéré comme « un fonds d’investissement sérieux » et la vente ne remettrait pas en cause la production continue de Doliprane en France, ni son accessibilité sur le marché français.

Cette transaction, si elle se concrétise, serait une des plus importantes opérations de cession dans l’industrie pharmaceutique française ces dernières années, confirmant la tendance des grands laboratoires à se séparer de leurs divisions grand public pour se concentrer sur des secteurs plus spécialisés et à forte croissance.

Source: challenges